Témoignage pour Jessica, victime d'un accident de la route
Témoignage à la mémoire de Jessica, victime de la route.
Jessica victime de la route
Jessica. Avais-je vu la fin de la nuit, perdue dans mes pensées, au milieu de mes larmes? Enfin le jour s'était levé. J'étais restée, assise, prostrée, immobile, attendant cet appel téléphonique, qui m'autorise à venir, qui lève aussi mes doutes.
Ton père était arrivé, les traits tirés, lui aussi, le regard ravagé de tristesse. Nous nous étions longuement regardés, incrédules, n'arrivant pas à y croire. Etait-ce vraiment de notre fille qu'il s'agissait? Il restait dans nos cœurs, pourtant, un espoir infini, auxquels nous nous raccrochions, désespérément. Le téléphone avait retenti. Nous arrivons, m'avait prévenu notre fils vivant à Paris.
Nous étions tous devant la porte austère du funérarium. Au premier coup de sonnette, la porte s'était ouverte. Une femme les attendait dans l'entrée. Il avait murmuré son nom. D'un regard, j'avais compris, en voyant la femme arrêter son doigt, sur une liste, écrite sur son livre des entrées. Elle nous avait fait signe de la suivre. Dans des couloirs interminables. Mon cœur tambourinait, douloureusement, bien que j'essaie de rester calme. Mon fils me soutenait par le bras. La porte s'ouvrit dans une petite pièce aux murs étroits. Elle était allongée, immobile, le corps caché d'un drap blanc posé sur Elle, ses doigts croisés comme dans une impossible prière. Mes jambes soudain fléchirent. Mes larmes coulèrent.
Que savons-nous de ce que dit la Loi, en de tels moments, sur le don d'organes ?
Renseignez-vous avant qu'il ne soit trop tard, pour intervenir!!!
* Voyez votre pharmacien qui vous remettra une documentation à ce sujet. Vous devrez faire enregistrer votre décision sur le Fichier National à Paris Sans cette décision enregistrée, sachez que vous êtes des donneurs potentiels! Sauf sur un enfant mineur! Et encore, si votre décision est respectée!
*Pensez à vérifier, si malheureusement, un tel événement, devait arriver!
*Pensez à en parler aussi à vos familles, à vos amis *Faites vous enregistrer sur ce Fichier National.
C'était vraiment Toi. Ils me firent asseoir, près d'Elle, immobile, paraissant endormie. Quelqu'un me fit boire un verre d'eau fraîche Quelqu'un me fit boire un verre d'eau fraîche. Tout espoir d'une erreur venait de disparaître. Tu étais là immobile, si blanche, définitivement.
Combien de temps sommes nous restés près de toi? A pleurer en silence. Pressés tous les trois, près de toi, ayant fermé la porte, à tes amis qui demeuraient, dehors, nous laissant à notre douleur. Un bref coup à la porte nous fit lever la tête. Déjà la machine administrative se mettait en marche. Il fallait remplir des papiers, répondre aux questions. Une enquête commençait. Quelqu'un vint vers moi.
Désirez-vous faire un don d'organes, Madame? Non! N'y touchez pas! Ma réponse avait fusé, sans leur laisser le temps, d'objecter quoique ce soit. L'homme s'était retiré, discrètement, nous laissant à notre peine. J'étais revenue auprès de Toi, immobile comme si tu dormais. J'avais soulevé le drap, soudain, inquiète, brusquement. Que t'avait-on fait? Je remarquais ta cheville brisée, des hématomes sur ton petit corps endolori, le sang suintant de ton oreille, ta paupière tuméfiée, tes belles mains fines griffées par les bouts de verre. Je sortis, ivre de colère, appelant la femme à l'entrée. Aidez moi à la déshabiller, lui ai-je, ordonné! Mue par un pressentiment. Mais, Madame, vous ne pouvez pas! Elle est ma fille, ma chair! Elle est à moi. Je veux vérifier si vous n'y avez pas touché, lui ai-je crié, horrifiée à l'idée qu'on puisse t'avoir touchée, brusquement. La femme avait hoché la tête, puis avait soutenu ton corps pendant que je retirais ta robe légère, observant chaque centimètre, sans m'expliquer ce que je recherchais. Tu fus bientôt en slip et soutien gorge.
Quelque chose attira mon attention. Tu étais blessée à l'aine aussi. J'écartais, en tremblant, légèrement, ta petite culotte aux dessins fleuris. Pétrifiée, je découvrais une vilaine et longue cicatrice, cachée dans l'aine, recousue à grands coups de fil blanc, grossièrement, soudain, était la. Vingt centimètres environ. Que t'avait-on fait, mon enfant? Je suis sortie, hurlant ma colère, exigeant de voir un supérieur immédiatement. Ton père et ton frère me regardaient, n'osant comprendre ce que mes mots soudain voulaient dire.
Un homme arriva, maladroit m'expliquant qu'on t'avait vidé de ton sang, qu'on t'avait injecté un produit spécial, pour empêcher ton corps de se décomposer. La cicatrice était trop grande. J'ai compris, depuis, qu'on t'avait pris tes organes. Qu'un jour, une jeune femme, grâce à Toi, aurait peut être la chance de donner la Vie à un enfant, sans même te dire merci. Sans même nous avoir consultés. Sans possibilité d'oublier cela. Sans respecter notre décision.ni ton corps, Toi qui était partie, pour ne plus jamais revenir.
ASSOCIATION TONYMAN LA ROUTE TUE
Association de victimes de la route