Témoignage pour Bruno, victime d'un accident de la route
Témoignage à la mémoire de Bruno, victime de la route.
Bruno 21 ans, tué le 29 février 2009
Bruno, tu es parti le 19 février 2009 à 87 h 35.
Tu étais en route pour le lycée sur ton scooter. Un scooter non débridé, (50 km/h maxi) sortant de la révision. Quelques jours auparavant, je t’avais demandé de partir 2-3 minutes plus tôt, pour ne pas être en retard au lycée. (Comme je regrette ces paroles aujourd’hui !). « Salut, maman, à ce soir » m’as-tu dit en partant. C’était tes dernières paroles. Tu avais 21 ans.
Le jour où le monde a changé de couleur. Ce matin-là, j’étais dans ma classe quand la porte s’ouvre à 9 h 30. J’aperçois le maire de mon village, l’air embarrassé. J’ai compris qu’il est arrivé quelque chose, mais à qui ? Bruno ? Mais c’est impossible. Comment a-t-on pu me tuer mon garçon de 1,87m, presque 100 kg, sur un scooter qui roulait paisiblement à 50 k/h ? Ce que plusieurs personnes ont confirmé plus tard. La vérité est que « l’autre, 23 ans »roulait à plus de 110 sur une route à 90, a manqué un virage, perdu le contrôle de son véhicule, sur une route dangereuse, a-t-il reconnu. Sanction : 1 an avec sursis et C’EST TOUT. J’ai fait appel pour qu’au moins il fasse des travaux d’intérêt général. Mais non, rien...
L'agent assureur envoyé par mon assurance m'a mise en confiance.
Il me disait que ma présence n’était pas utile au tribunal. Ce qui, je l’avoue, m’a bien soulagée à ce moment –là. Mais en lisant le compte rendu du jugement, je me suis rendu compte que notre drame était juste un numéro de dossier à juger. Une affaire que l’on sanctionne « d’habitude » par 1 an avec sursis. Le plus stupéfiant était que jamais l’avocat, soi-disant défenseur de notre garçon, n’a pris contact avec nous pour connaître la personne dont on a pris la vie. C’est vrai qu’on ne juge pas les causes de la mort d’un jeune homme, mais juste le manquement au code de la route d’un chauffard.
Il a roulé tellement vite que le choc a explosé le casque et que mon garçon était cassé de partout, mort sur le coup. Je ne l’ai jamais revu. Sa vie : un combat perpétuel La vie de Bruno était une succession d’interventions chirurgicales, de corsets et autres soucis.
Ha s'il avait connu Bruno !
Le médecin lui disait de pratiquer un sport, il a trouvé enfin celui pour lequel il était motivé : la musculation. Nous avons vu notre garçon se développer, prendre confiance en lui. Il était en dernière année de BTS comptabilité, et avait commencé à chercher un patron pour poursuivre en alternance. Pour se payer son sport, le permis, le matériel informatique, l’essence de son scooter il travaillait tous les dimanches comme aide-cuisinier et les vacances d’été aux travaux publics. De la volonté il en avait à revendre. Pas de tabac, pas d’alcool. Un garçon qui ferait la fierté de toutes les mamans : prévenant, respectueux, attentif, gentil. Avec ses sœurs, nous étions très fiers de lui. Lors des funérailles, nous avons pu prendre conscience de l’amitié que lui portait l’immense foule venue lui rendre hommage. Comme on est aveugle, quand tout va bien. Doit-on vivre le pire pour apprécier ce que l’on a de plus précieux? Non, je ne l’ai plus revu. Nous avons dû attendre 48 heures pour que le médecin légiste nous rende Bruno. Il voulait vérifier que sa mort n’avait pas d’autres causes. Telles que drogue, alcool, que sais-je encore !!! Ah s’il avait connu Bruno et son hygiène de vie. ….Le moment venu, les pompes funèbres nous ont vivement déconseillés d’aller le voir, vu que la tête de Bruno a encaissé l’essentiel du choc. Les plasticiens n’arrivaient pas à le rendre présentable et j’avoue que j’avais très peur de garder une image négative de mon garçon. Je crois qu’aujourd’hui encore, je ne serais pas surprise de le voir entrer en disant « salut mum » tellement sa disparition me paraît irréelle. J’ai parfois la sensation d’avoir fait un cauchemar et que je vais me réveiller. Hélas ! Mes regrets, mon angoisse.
ASSOCIATION TONYMAN LA ROUTE TUE
Association de victimes de la route
Association reconnue d'intérêt général. Tous droits de reproduction de ce site sont réservés conformément à la législation sur les droits d'auteurs et la propriété intellectuelle. Site déclaré à la CNIL Loi du 06/01/1978. Attention, l'association ne perçoit volontairement aucune aide ou subvention de l'Etat ou des collectivités locales ou territoriales pour garder une totale indépendance. Pour nous aider à continuer notre action, adhérez ou faites un don.