Témoignage pour Célia, victime d'un accident de la route
Témoignage à la mémoire de Célia, victime de la route.
Célia 11 ans, tuée le 25 mars 2005
Célia 11 ans, tuée le 25 mars 2005 alors qu'elle traversait les passages protégés.
Ma fille Célia 11 ans a été tuée le 25 mars 2005 alors qu'elle traversait le passage piéton de l'école de son petit frère sur le guidon du vélo d'un copain. L'automobiliste qui a percuté Célia l'a projeté à plus de 17 m du point d'impact ! Ma fille est décédée sur le coup alors que son ami qui conduisait le vélo n'a été que légèrement blessé. Seule la roue avant du vélo était engagée sur le passage alors que l'autre était encore sur le trottoir. La conductrice a dit ne pas avoir vu les enfants arriver alors qu'elle roulait pourtant, selon ses dires, à moins de 50 Km/h.
Juste après l'accident mortel, elle a pris le temps de contourner ma fille qui gisait sans vie sur le bitume pour aller se garer sur un parking un peu plus loin. (Je tiens à remercier d'ailleurs les personnes qui ont essayé de réanimer ma fille et qui sont restées à ses côtés en attendant les secours.) Lors du PV, cette personne dira avoir freiné et donner un coup de volant. MENSONGES !!!! Aucune trace de frein n'a été constatée ! Même la gendarmerie dira ne pas pouvoir l'expliquer. Et puis par la suite c'est tout le dossier qui contiendra des manquements et des aberrations.
L'accident mortel de la route dont a été victime Célia a fait l'objet d'un classement sans suite.
Comme cela arrive trop souvent, le procureur de la République a décidé" de classer sans suite la mort injuste de la petite Célia. Manifestement, l'enquête des forces de l'ordre n'a pas été objective. Des zones d'ombres demeurent. Ajouté à cela le comportement égoïste de la conductrice qui a volé la vie de la petite Célia et par la même occasion, détruit sa famille et il est aisé de comprendre pour qui les victimes et familles de victimes de la route n'ont plus confiance en l'institution judiciaire. Le statut de victime de la route mérite mieux que ce manque de considération.
Célia n'est plus qu'un numéro, un dossier parmi tant d'autres. Enfin, au terme d'une année d'horreur, je suis convoquée par le substitut du procureur, une femme, afin qu'elle s'explique sur les conclusions qui l'a conduisent à classer sans suite le dossier de mon enfant.
Je suis stupéfiée, indignée par le manque d'arguments et les conclusions arbitraires qu'elle évoque. Elle explique également que Célia n'avait rien à faire sur le guidon du vélo de son ami et que les enfants sont donc responsables. De plus, le substitut indique que l'automobiliste roulait à vitesse autorisée. Quand je demande sur quoi elle s'appuie pour l'affirmer, elle dit simplement que c'est la conductrice qui l'a mentionné dans son PV.
Je suis anéantie par ce manque de sérieux et j'exige alors qu'une expertise soit faite afin de déterminer à combien roulait cette personne avant de classer le dossier de Célia. Le substitut fini par accepter tout en mentionnant le fait que même si l'expertise confirme qu'elle était au-dessus de la limite de vitesse autorisée cela ne changerait rien à l'issue du dossier. D'après elle, de toute façon, l'accident n'aurait pu être évité. Avant de quitter le bureau du substitut du procureur, je lui fais part du fait que je n'ai pas un mot de la conductrice et que je trouve ça écœurant, ce à quoi elle répond froidement qu'on ne peut pas forcer les gens à avoir de la compassion. Je suis abasourdie par la réponse. 6 mois après la demande d'expertise, la conclusion tombe.
L'automobiliste qui a tué Célia roulait bien au-dessus de la limite autorisée. Mais pour le procureur, ça ne change rien à sa décision. Depuis, mon avocat et moi tentons désespérément d'obtenir le dossier de ma fille afin d'envisager d'aller au pénal mais sans succès ! Pas de dossier. Je ne crois plus en cette justice ou nos enfants ne sont pas considérés comme des victimes.
Aujourd'hui la conductrice qui m'a enlevé ma fille roule dans la même voiture qui l'a percuté et mène sa vie tout à fait normalement sans avoir eu ne serait-ce une amende pour excès de vitesse. Je considère donc qu'on peut tuer un enfant en toute impunité dans ce pays.
ASSOCIATION TONYMAN LA ROUTE TUE
Association de victimes de la route
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